Pour la ministre de la Santé, le débat autour de la commission d'experts chargée d'évaluer les demandes d'indemnisation liées au Mediator est un faux débat. La responsabilité, dans cette affaire, incombe aux laboratoires Servier. C'est à eux qu'il reviendra, in fine, de prendre en charge le coût des indemnités.
Les chiffres annoncés mercredi par Le Parisien (lire notre article : Scandale du Mediator : les experts disculpent le médicament dans 86% des cas
), et globalement confirmés par l'Association des victimes du Mediator et de l'Isoméride (Avim) n'ont pas tardé à faire réagir la ministre de la Santé.
Plus de 8 dossiers de demande d'indemnisation sur 10 présentés à la commission d'experts mise en place après le scandale du Mediator seraient retoqués (lire notre interview : Mediator : des associations "scandalisées"
).
Joint par TF1News, le président de l'Avim a fait état de 5000 dossiers présentés à cette commission et selon lui tous très étayés. Sur ces dossiers, 831 ont déjà été examinés par l'Oniam (Office National d'Indemnisation des Accidents Médicaux), selon Le Parisien, dont 712 ont été rejetés et 112 jugés recevables.
Interrogée à ce propos à sa sortie du Conseil des ministres, la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, s'est déclarée en premier lieu très attentive à ce que les victimes puissent être indemnisées correctement
. Mais elle a tenu à ce que les responsabilités soient précisément établies.
Aux yeux de la ministre, c'est le laboratoire qui est en première ligne, c'est le laboratoire qui est responsable et c'est le laboratoire qui, à la fin du processus, devra assumer ses responsabilités
. Dans l'affaire du Mediator, une commission s'est mise en place, qui est indépendante et présidée par un magistrat
, a-t-elle souligné. C'est elle qui examine les dossiers
.
Mais les débats au sein de cette commission portent sur la capacité à établir un lien
entre les maux dont peuvent souffrir des patients ayant pris du Mediator, et la prise de ce médicament d'une manière qui garantisse l'indemnisation des victimes par la justice
. Selon Marisol Touraine, le débat porte donc sur les enjeux scientifiques
liés au Mediator.
"C'est le laboratoire Servier qui est responsable"
Au bout du compte, a insisté la ministre, il n'y a pas de discussion
sur le fait que des indemnisations devront effectivement être apportées aux victimes du Mediator. Mais ne nous trompons pas de cible et d'enjeu
, a-t-elle souligné. Le Mediator a été mal utilisé, mal commercialisé ; il y a eu des mensonges et c'est le laboratoire Servier qui est responsable
. La commission, elle, ne fait qu'avancer l'argent
.
Que penser des soupçons de pressions des laboratoires Servier sur les membres de la commission, évoqués par Irène Frachon, praticienne en première ligne depuis des années pour défendre les victimes du Mediator ? Sur ce point, Marisol Touraine a refusé de se prononcer. J'aurai l'occasion de m'entretenir avec les membres de cette commission
, a-t-elle simplement indiqué. Tout en reconnaissant que si ces pressions étaient avérées, ce serait inacceptable
.
Sur LCI, à la mi-journée mercredi, une victime du Médiator a crié à l'injustice
, rappelant l'omniprésence d'un préjudice moral et physique
.