Actualités de l'association de défense des victimes du Mediator et de l'Isomeride (AVIM)

Indemnisation Mediator : La double peine des victimes du Mediator

Le Point, vendredi 18 janvier 2013

Le Point

Le fonds public d'indemnisation pour les victimes du Mediator a rendu 68 avis favorables sur 1 493 dossiers traités, suscitant la colère des victimes.


« Un système opaque, lent et arbitraire. » Depuis plusieurs semaines, les critiques pleuvent sur le collège d'experts indépendants chargé d'indemniser les victimes du Mediator, cet antidiabétique souvent prescrit comme coupe-faim qui aurait causé la mort de 500 à 1 300 personnes en France.


En cause, les critères restrictifs appliqués par ces sept praticiens qui se réunissent deux fois par semaine au sein de l'organisme public pour examiner les dossiers médicaux.


Selon le Dr Dominique-Michel Courtois, président de l'association des victimes du Mediator (Avim), "les demandes considérées comme recevables représentent 4,5 % de la totalité des dossiers étudiés".


Dans le détail, l'Oniam a reçu depuis l'entrée en vigueur du dispositif d'indemnisation, en septembre 2011, 7 721 dossiers. Sur les 1 493 qui ont été examinés, 904 ont donné lieu à un avis et seuls 68 "ont été proposés au laboratoire Servier pour une proposition d'indemnisation".


Pis, dans deux dossiers, l'avis négatif de l'Oniam est à l'opposé de celui d'experts judiciaires nommés par le juge Pascal Gand qui instruit le dossier au pôle santé du tribunal de Paris.


« Les règles du jeu ont changé »


« Les victimes sont très en colère », s'insurge le Dr Dominique-Michel Courtois, pour qui « le refus risque de porter sur des milliers de dossiers », précisant que les rejets concernent principalement « les petites fuites cardiaques ».


« Ces valvuthérapies bénignes, assez fréquentes dans la population âgée, sont rejetées parce qu'il est difficile d'établir un lien direct et causal avec la prise du Mediator », explique la pneumologue Irène Frachon, première à dénoncer les dangers du médicament.


Pour le Dr Dominique-Michel Courtois, « les règles du jeu ont changé en cours de partie. Les critères d'attribution de l'indemnisation, définis au cours des réunions du Comité de suivi des victimes du Mediator, au ministère de la Santé et en présence du ministre de l'époque, Xavier Bertrand, sont totalement remis en question. ».


Les experts du collège demandent aux patients d'apporter la preuve qu'ils n'ont pas été victimes d'une angine virale pendant l'enfance, de ne pas avoir pris de médicament contre la migraine ou encore de prouver qu'ils n'ont pas eu d'atteinte valvulaire au moment de la première prescription du Mediator. Les experts avanceraient également le critère de l'âge pour éliminer des dossiers de victimes de plus de 65 ans.


Pour sa défense, le collège avance une logique « du cas par cas », expliquant que le recueil des justificatifs et le respect de « la procédure contradictoire qui prévoit pour chaque avis d'indemnisation au minimum trois passages devant le collège » justifie la lenteur des choses.


« Une attitude rigoriste », dénonce le docteur Philippe Hervé, qui a claqué la porte du comité d'experts il y a un mois. « Il y a dans ces dossiers un faisceau de présomptions qui devrait, à mes yeux, donner droit à l'indemnisation des victimes », expliquait dans Le Parisien l'expert. Le pneumologue déplore que les personnes souffrant de faibles insuffisances aortiques soient écartées de toute indemnisation. « Si ces atteintes mineures (dites de grade 1) ne représentent qu'une rayure sur la carrosserie, on ignore leur devenir dans le futur », prévient le médecin.



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